Coeur de dragon

Je ne construirai plus de châteaux en Espagne

Et ne ferai donc plus de plan sur la comète.

Or, je continuerai à rêver de ce pays de cocagne

Où les vins sont si joyeux et que perdure la fête !

 

Je danserai nu et me roulerai dans les dunes,

Ivre de vivre, l'esprit insolent, le sang à vif ;

Et je démasquerai la face cachée de la lune

Jusqu'à sentir ton cœur dans mes griffes !

 

Je l'enlèverai dans les airs jusqu'à mon nid

Dans la montagne noire du dragon banni.

Tu y couveras l'œuf précieux de nos discordes

Jusqu'à l'éclosion dans la pieuse miséricorde !

 

 

Au pilori des souvenances

Et je m'élance , fier, au pilori
D'une mémoire encore fleurie
De souvenances si fraîches,
D'un esprit des plus revêches !

Or, je concède ma maladresse,
Dans ces moments de détresse,
Et le cœur s'emporte soudain,
Jusqu'à tuer tous nos matins !

Quand la mémoire se joue
De ce chagrin qui rend fou ;
Pensez de toutes vos forces,
Enfin libéré de toute écorce !

Rebonjour à ces jours tristes
Qu'on croyait à jamais oubliés
Comme le sang frais du Christ
Qui sèche encore sous l'olivier !

 

 

Oraison de l'espoir

C'est donc un morceau de notre cœur blême,

Et le léger nuage mauve de notre esprit mystique

Qui s'en iront soudain loin de nous-même.

Or, nous aurons cru en notre destin atypique:

Nous de la fraternité, nous de la fidélité,

Nous de la loyauté, nous de l'amitié infinie ;

Indéfectibles, infatigables compagnons de vie !

Nous avons consumé ensemble notre jeunesse

Dans l'âtre joyeux, dans une fantastique kermesse.

Nous avons parfois épousé les mêmes amours

Pour ne pas froisser les draps de l'adolescence.

Nous avions le temps de vivre au jour le jour

Et si souvent nous avons brillé par notre absence !

Aujourd'hui, nous voici dans le chœur bienheureux

D'un éternel espoir, agenouillés devant nos dieux !

 

Psychostasie d'un poète

Le Pasteur est donc son berger ;
Psychostasie en cours d'examen ...
Un Master " Voyageur messager "
Option poésie et expert humain !

Verdict :

[ Addiction sérieuse à toute gueuse
Et la couenne du cœur adipeuse,
Il menait cependant vie heureuse
Durant toutes ses heures creuses ! ]

 

Naufragés

Nous sommes tout prêt de basculer dans l'irréversible ennui,
Mais nous nous agrippons à cette falaise, la frontière de nos nuits ;
Celle que creuse l'océan, sans relâche, délivrant tout fossile
Pour cette éternité dont le regard semble cerné de faux cils !

La caravelle de bois vermoulu de nos envies de grand large
S'est enlisée dans la glaise de ces temps anthropophages,
Et nos coeur confits dans le sel, sont des cristaux de larmes,
Suspendus dans la grotte comme des jambons de Parme !

Nous sommes les derniers naufragés d'un continent oublié,
Et nous nous sommes noyés sous le poids de nos boucliers !
Or, toute lune est noire et le quotidien, parfois sans joie,
Mais le soleil est l'or de tes jours, l'étoile qui brille pour toi !

 

L'aubaine du petit quotidien

Riche de nos friches passées, de nos souvenances en jachère,
De notre culture qui jamais ne triche, de nos jardins intérieurs où germe l'idéal,
De nos villes où brillent les néons magiques, de nos campagnes
Où le bétail fier dévore le vert, de notre espoir têtu, de nos rêves inattendus,
De nos cœurs détendus, de nos amours impossibles,
De ces voix qui résonnent dans le couloir de nos émotions,
Dans les vents contraires de l'oubli où personne n'oserait s'aventurer.
Dans le creux de ta main où se niche la fortune.
Quand ces petits riens flottant sur la rivière des futilités alimentent le poisson d'eau douce.
Quand les hommes s'aiment pour le meilleur et pour le pire !

 

Avis de tempête

Par ses heures étêtées de soleil, l'hiver semblait tituber,
Comme un rat aveugle dans les égouts de la baie.

L'océan sombre cognait les récifs de sa corne de narval,
Transperçant l'ombre pensive des pêcheurs en cavale,

Qu'attendait dans le port, une cohorte de chats maigres
Et quelques femmes usées par les marées, le cœur aigre !

Mais à la criée frétillante de crabes bleus ou frais poisson,
Ça sentait l'odeur iodée de l'espoir accroché à l'hameçon !

Parfois, un équipage maudit, comme une offrande à la mer,
Disparaissait entre deux lunes, avalé par les flots en colère !

 

Coeur gitan

Je me prenais alors pour un gitan,
Bien droit dans ses camarguaises
Grattant sa guitare par tout temps
Ayant la vraie recette de merguez !

Par les cornes, je tenais le taureau,
Et je lisais l'avenir dans le tarot.
À mon cou pendait une croix d'or
Pour ainsi conjurer le mauvais sort !

Quand la robe rouge à pois blanc
D'une fille munie de castagnettes
Dansait dans le sable et le vent,
Tournoyait du rêve plein ma tête ;

Et je me sentais, tout aussi libre,
D'un cœur de colibri qui vibre,
Ivre dans les fleurs d'un oranger,
Buvant son miel à pleines gorgées !

 

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